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La firme qui met Nyon en orbite

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Forte de son expérience dans l'aérospatial, Ruag Space veut conquérir de nouveaux marchés.

DANIEL GONZALEZ

daniel.gonzalez@lacote.ch

L'aventure spatiale passionne les foules depuis des mois. Pour la première fois, un robot du nom de Philae s'est posé sur une comète. Après n'avoir plus émis de signal depuis son atterrissage à l'automne dernier, ses panneaux ne parvenant plus à capter suffisamment d'énergie solaire, Philae vient soudain de sortir de sa torpeur. Ce que l'on sait moins, c'est qu'une entreprise nyonnaise a participé à ce projet hors du commun. Ruag Space Nyon, filiale du groupe suisse éponyme spécialisé dans l'aéronautique et la défense - 44% de ses applications sont militaires et 56% civiles - a produit le mécanisme d'orientation d'une caméra du robot et surtout celui de l'antenne à gain élevé du satellite Rosetta; celle-ci était chargée d'envoyer les données scientifiques et de navigation aux équipes au sol, depuis le lancement de la sonde il y a dix ans jusqu'à son arrivée sur la comète "Tchouri".

Ferrari du collecteur rotatif

Si l'Agence spatiale européenne (ESA) a mandaté l'entreprise, c'est parce qu'elle a plus de trente ans d'expérience dans la fabrication de composants tournants du nom de collecteurs rotatifs (ou "slip ring" en anglais). De différentes tailles et entièrement élaborés à Nyon, ces derniers permettent de prolonger les contacts électriques entre deux parties d'un engin, dont l'une est mobile. "Sur un satellite, les panneaux solaires doivent systématiquement pivoter, afin d'être perpendiculaires au soleil, tout en continuant à transmettre du courant" , explique Michel Garcia, directeur commercial. La société a donc imaginé un mécanisme fonctionnant grosso modo sur le modèle du tourne-disque. Les câbles sont branchés sur des balais métalliques très fins qui en tournant viennent frotter les sillons d'un disque ou un cylindre, de quoi assurer la transmission du courant en continu. "Pour les applications spatiales, nous sommes la Ferrari du collecteur rotatif."

Ruag Space est l'un des leaders pour ce type de produit de haute précision, dont il tire l'essentiel de ses revenus. "Nous équipons un satellite sur deux. C'est donc clairement le secteur des télécommunications qui nous fait vivre." Lors du dernier salon aéronautique du Bourget (F) en juin, la division spatiale de la multinationale a signé un contrat de 60 millions d'euros avec Airbus, l'un de ses principaux clients, pour le développement de composants destinés à la seconde génération des satellites météorologiques Metop. Pour autant, le secteur est devenu très concurrentiel. "Des fabricants comme Boeing, spécialisés dans le militaire, produisent désormais des satellites civils. Par ailleurs, les Américains construisent des modèles toujours plus petits et moins chers. Ce marché s'oriente vers le low cost."

Des contrats en baisse

Dans ce cas précis, Michel Garcia fait référence à la jeune firme étasunienne OneWeb, qui entend envoyer plusieurs centaines de minisatellites en orbite, pour offrir une connexion Internet à des prix abordables à l'entier de la planète. Une opportunité pour la firme, sachant que les volumes dans le domaine spatial restent généralement faibles; une quinzaine de pièces par projet sont produites annuellement. Pour l'heure, l'entreprise accroît ses activités dans le terrestre en essayant d'équiper tout ce que le marché civil compte de radars et autres caméras de surveillance. Un secteur où la pression sur les prix ne cesse également d'augmenter.

A une concurrence qui se renforce, il faut ajouter une conjoncture peu favorable. Si Michel Garcia assure vouloir tout faire pour continuer à prospérer sur le site de Nyon, il constate que "les rentrées de contrats sont bien plus difficiles avec le franc fort." Sans dévoiler le chiffre d'affaires de sa filiale, il admet que les objectifs de croissance seront difficiles à atteindre cette année. Ruag Space Nyon cherche plus que jamais d'autres débouchés. "Nous envisageons de nous implanter sur d'autres marchés, tels que la pharma, la chimie ou l'énergie." Et c'est à nouveau sur la base de ses recherches dans l'aérospatial que la firme compte investir ces marchés. En effet, voilà près de vingt ans qu'elle développe des mini-laboratoires portatifs permettant de réaliser des expériences biologiques dans l'espace. La firme en a déjà envoyé plusieurs dans la Station spatiale internationale (ISS).


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