Il rêvait d'avoir des chèvres. Depuis une année, sa chèvrerie est terminée et Thibaud Morax produit fromages et yoghourts.
FABIENNE MORAND
fmorand@lacote.ch
"Mon papa se rappelle qu'à 10 ans j'ai déclaré que pour mes 20 ans j'aurai 20 chèvres" , raconte Thibaud Morax, aujourd'hui âgé de 22 ans. Et il y est arrivé puisqu'il y a une année sa nouvelle chèvrerie a accueilli ses premières locataires. A ce jour, cet habitant de Trélex compte 22 chèvres adultes, 13 jeunes femelles et 2 boucs qui assurent la relève. Avec le lait, il produit du fromage et des yoghourts qui sont vendus en vente directe et dans une quinzaine d'épiceries de la région. Mais avant d'en arriver là, ce garçon issu d'une famille d'agriculteurs a passé par l'étape formation.
Après l'école obligatoire, Thibaud Morax débute un apprentissage d'agriculteur. Durant sa formation, il effectue une année à Bremblens dans une exploitation qui compte des vaches et une année à Forel-Lavaux où il y a des chèvres. A la fin de son CFC, il acquiert trois chèvres laitières chez son ancien patron et il débute en autodidacte. "J'ai essayé de produire du fromage de chèvre, mais ce n'était pas si facile. Quand je disais à ma famille qu'il y avait des fromages et que je constatais qu'ils restaient au frigo, ce n'était pas bon signe. J'ai aussi moi-même remarqué que si je voulais les commercialiser, ça n'allait pas fonctionner. Je me suis donc dit qu'une deuxième formation serait intéressante et surtout pas perdue" , explique ce dernier d'une fratrie de trois garçons. "De plus, je ne voulais pas partir ailleurs, donc il fallait me lancer dans une autre production. C'est durant mon premier apprentissage que nous avons discuté du futur avec mes parents, j'ai évoqué mon envie de me lancer dans les chèvres et ils ont bien compris que ça ne servirait à rien de me dire non" , ajoute en souriant Thibaud Morax. Le domaine familial compte quelque 40 hectares, une quarantaine de vaches laitières et son père, son frère et son oncle y travaillent déjà. La structure n'était pas assez grande pour faire vivre une quatrième personne.
Thibaud Morax entame un apprentissage de technologue en industrie laitière (fromager) qu'il termine en juillet 2014. Et des chèvres naines de compagnie qu'il avait quand il était enfant, il est passé aux productrices de lait qu'il aime encore plus.
Une chèvrerie en bois
Si ce membre de la Jeunesse de Givrins était en voie d'obtention du diplôme, il lui manquait encore une vraie chèvrerie et un laboratoire. Et c'est en famille et avec des amis que les travaux sont effectués. Sous la maison, un garage à voiture est transformé en un laboratoire, respectant les normes, pour transformer le lait de chèvre en fromage et en produits pour le consommateur. Sous le hangar du domaine construit au début des années 2010, là où était rangée une partie du matériel de la Jeunesse de Givrins, Thibaud Morax a installé sa chèvrerie d'une capacité maximum de 50 bêtes. Les normes en vigueur demandent un minimum de 1,7m 2 /chèvre. Tout est en bois et l'organisation est astucieuse, puisque depuis l'écurie, les chèvres montent une rampe, s'alignent aux mangeoires, à hauteur d'homme, pour être traites, puis redescendent dans l'enclos pas une autre rampe. La journée (ou la nuit lors de grandes chaleurs) elles profitent des parcs aménagés entre le hangar et la maison familiale.
"Pour le moment, je suis très content. Je regarde déjà pour augmenter le nombre de chèvres. J'ai également le projet de construire un magasin pour favoriser la vente directe. J'ai de la chance d'avoir des parents et une famille très ouverts, qui me soutiennent beaucoup dans mes projets" , continue-t-il. C'est notamment l'association entre son père et son oncle qui a investi dans les infrastructures. Thibaud Morax est locataire des lieux, mais propriétaire du matériel et des chèvres. Entre la fromagerie et la chèvrerie, le montant s'élève à près de 20 000 francs. "Quand on a 20 ans, ça fait beaucoup" , lâche-t-il calmement.