L'artiste genevois présente au Far une performance dédiée à la marche à pied.
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Tout juste rentré d'une tournée en Australie, le danseur-performeur Gregory Stauffer investira dès ce soir les planches du festival des arts vivants. Il y jouera "Walking", une performance solo sur le thème de la marche. Explications.
Gregory Stauffer, pourquoi vous êtes-vous intéressé à cette forme basique de déplacement?
Pour plusieurs raisons. Tout d'abord, l'aspect chorégraphique de ce mouvement. Quand on marche, on chute puis on rattrape son propre corps. Cela m'a toujours fasciné. J'avais aussi envie de créer une pièce en lien avec la terre, avec le contact au sol. Enfin, il y a une démarche affective derrière ce travail. Quand j'étais enfant, ma mère m'emmenait souvent marcher en Valais. Elle m'a transmis beaucoup de choses durant ces balades. Cette performance est aussi une manière de lui rendre hommage.
Concrètement, comment cela s'articule sur scène?
Je marche pendant une heure. Des fois en costume, des fois avec un tambour qui active mes pas. J'utilise aussi une flûte. Il n'y a pas de récit, pas de véritable narration. Je ne joue pas non plus un personnage. Dans la partie centrale du spectacle - la plus longue - je présente une conjugaison de plusieurs façons de marcher .
Pour élaborer votre performance, vous avez fait de nombreux déplacements durant lesquels vous avez aussi collecté ou emporté des objets de toutes sortes. Des objets qui vous ont inspiré et vous ont permis d'apprivoiser différents types de mouvements. Expliquez-nous.
Un jour, par exemple, j'ai trouvé un dé dans la rue. Je l'ai utilisé pour élaborer une approche ludique de la marche. Je le lançais et j'effectuais le nombre de pas indiqué sur la face qui apparaissait. Une autre fois, à Essen, en Allemagne, j'avais emporté une boussole et un podomètre. L'objectif: faire 5000 pas dans les quatre directions données par les points cardinaux. De ces marches, j'ai également tiré des dessins. Lors d'une balade au Lac Bleu, près d'Evolène, je tenais dans une main une feuille de papier sur un cartable et dans une autre un crayon appuyé sur elle. Je laissais les sauts de mon corps faire des dessins sur le papier pour obtenir une sorte de cartographie de ce trajet.
Ces traces, le public les retrouvera sur scène?
Une partie d'entre elles. Sur chaque siège, je dispose un livret qui évoque ces objets. On y trouve aussi des dessins, des images tirées de mes marches. Cette publication constitue une entrée pour la performance.
La préparation de cette performance mise à part, vous êtes vous-même un grand marcheur?
Oui. Pour moi, il s'agit de la manière la plus simple de découvrir un lieu. Que ce soit à Genève, la ville dans laquelle je vis, ou dans les autres endroits que je visite. C'est aussi pour moi une façon particulière de rencontrer les gens. Lorsque l'on marche à deux, par exemple, il se noue des échanges particuliers. Enfin, j'utilise souvent la marche pour trouver l'inspiration ou simplement pour me retrouver.