Deux historiennes travaillent sur un ouvrage qui sortira dans sept ans.
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Catherine Schmutz et Catherine Raemy, historiennes spécialistes des monuments régionaux, travaillent pour les Monuments et sites, au Service vaudois des immeubles, patrimoine et logistique (SIPAL). Depuis un an, entre leur bureau aux Archives cantonales à Lausanne, et la région de La Côte, elles arpentent l'histoire et le territoire du district de Nyon en vue d'un livre. L'ouvrage ne sortira que dans sept ans mais les deux femmes ont commencé à explorer les plans cadastraux, les archives communales, les comptes rendus de municipalités, les cartes, les archives privées, les registres fonciers...
De la fin de l'Antiquité jusqu'au début du XX e siècle, tout leur sert de pièces à convictions pour étoffer les quelque 500 pages du volume "Nyon et son district", édité par la Société d'histoire de l'art en Suisse (lire encadré) . Vaste chantier. L'ouvrage concernera 35 localités parmi les 47 qui composent le district, puisque le livre sur l'ancien district de Rolle, paru en 2012, mentionnait déjà les communes manquantes.
Gingins, point central
Catherine Raemy a décidé de débuter ses recherches par la commune de Gingins. "C'est un village qui joue un rôle important sur le plan régional comme siège d'une seigneurie" , explique l'historienne . C'est la mise en vente du Château, l'année dernière, qui l'a déterminée à commencer par ce lieu et ses monuments. Avec l'accord des propriétaires, le château a été visité, photographié et passé au scanner. Grâce à cette technologie, on a désormais des plans, des coupes et des relevés de façades très détaillés.
"Le Château de Gingins est assez mal connu , précise cependant Catherine Raemy. Il a toujours été occupé par des privés. On possède peu d'informations sur son histoire. On sait qu'il a subi beaucoup de transformations, notamment autour de 1850, en 1923 et au début des années 1960 quand il a été remanié par de nouveaux propriétaires." La première mention concernant le Château de Gingins date de 1441. "Cependant différents indices, notamment sa proximité avec l'église qui est déjà signalée au XIII e siècle, laissent penser à une histoire plus ancienne." Les 30 mètres d'archives communales l'informeront davantage sur le village que sur l'édifice. Car les deux femmes s'intéressent aux monuments classés comme aux fontaines, aux bâtiments publics et à certains ensembles architecturaux.
Catherine Schmutz a, quant à elle, commencé à se pencher sur une part importante du livre: Nyon. Elle a notamment exploré la Maison Bonnard, qui jouxte la Tour Pougny, le Manoir face à la Salle du Manoir, le Temple de Nyon actuellement en travaux, la Cure, l'ancienne Eglise libre (ex-Armée du Salut), la "Maison bernoise", à la rue Gaudin, le Musée du Léman, le Château, ou encore le domaine de Bois-Bougy.
Nyon et son histoire
Catherine Schmutz raconte que l'héritage de l'histoire est prégnant dans les rues d'aujourd'hui. "Pendant la deuxième moitié du XVIII e siècle, Nyon, port important pour le bois venant de Franche-Comté ou du Jura, a connu une période de prospérité grâce aux taxes de douane que les bateaux, partant ensuite pour Genève ou pour ailleurs, devaient payer. Il y eut donc beaucoup de constructions et de reconstructions en ville. Les Nyonnais avaient une aisance financière et l'envie de le montrer."
L'ancien collège (l'actuelle Ecole professionnelle commerciale) date de la fin du XVIII e siècle et témoigne de cette période. "Avec son plan en forme de fer à cheval, ce bâtiment est inspiré du modèle des maisons aristocratiques" , commente Catherine Schmutz. L'architecture nyonnaise regorge de détails et d'ornements témoignant du style classique de cette époque.
Les deux historiennes se sont également penchées sur le Manoir de Begnins, la Cure de Longirod, le hameau En Gachet, à Founex, entre autres. "Les choses ne sont pas isolées, les informations se recoupent et nous faisons sans cesse des liens entre les communes. C'est un ensemble gigantesque, nous allons être à l'étroit avec seulement 500 pages!"