Serena Dignola-Russignan crée des bougies. L'ancienne employée d'un avocat a eu un véritable coup de coeur pour le matériau qu'elle modèle au gré de son imagination.
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En plein coeur du village de Signy, une petite arcade a fait peau neuve depuis janvier. A travers la vitrine, on aperçoit toutes sortes de cylindres colorés, tantôt évasés, tantôt étroits, rangés sur des étagères. A première vue, on parierait qu'il s'agit d'un atelier de céramique. Pourtant, il n'en est rien: l'arcade abrite des bougies! Originales, puisque la plupart d'entre elles sont creuses, ces bougies photophores sont confectionnées entièrement à la main. L'artiste? Une Eysinoise d'origine italienne, qui a grandi au Tessin, Serena Dignola-Russignan. Une femme douce et modeste, mais pétillante de vie, qui s'est découvert récemment une véritable passion pour les bougies.
Ancienne employée d'un avocat, Serena Dignola-Russignan n'aurait jamais imaginé, il y a quelques années, modeler des bougies. Mais un coup de coeur signe le début d'une véritable histoire d'amour pour la cire. "Un soir, lors d'un séjour en famille en Italie, j'ai été profondément touchée par une décoration de restaurant réalisée avec des bougies" , raconte-t-elle.
Formation en Italie
De retour en Suisse, et malgré la distance, l'Eysinoise garde contact avec l'artiste, une Italienne résidant à Vicenza. Au bout de trois ans d'échanges de courrier électronique, une amitié étroite lie les deux femmes. Lorsqu'en 2012 la créatrice italienne doit se résoudre à cesser son activité, Serena Dignola-Russignan part immédiatement se former auprès de son émule, et reprend le flambeau, comme poussée par le destin. Alors qu'elle vient de traverser l'épreuve douloureuse de la perte d'un bébé, l'Eysinoise voit dans sa nouvelle activité un moyen de "transformer la tristesse en quelque chose de positif" . Une sorte de thérapie pour elle, qui confesse "parler" à travers ses bougies. "Quelque chose se passe au niveau énergétique" , ajoute-t-elle, une étincelle dans ses grands yeux bleus. "Je mets tout mon esprit à faire des bougies qui durent; des bougies dont la flamme ne s'éteint jamais" , explique-t-elle, à peine consciente de l'évidente symbolique de son geste. Les photophores ont en effet un double emploi et peuvent servir également de vase à fleurs. Il suffit d'insérer un lumignon à l'intérieur pour que la flamme "qui ne s'éteint jamais" s'embrase, sans toutefois faire fondre les parois de cire. Cette particularité originale permet aussi d'emprunter des bougies à l'occasion d'une fête, et de les restituer après utilisation.
"C'est mon coin de paradis" , sourit-elle en parlant de son arcade située à la rue des Fontaines, en plein centre de Signy. "Autrefois, mon local de vente était à Vich. C'est un privilège que d'avoir pu m'installer si près de mon domicile, grâce au bouche à oreille, et grâce à l'aide concrète de toute ma famille ", avoue-t-elle modestement, elle qui jongle entre sa passion créatrice et sa tâche de maman de deux garçons de 8 et 11 ans.
Un travail minutieux avec des pigments naturels
L'artiste confectionne cependant ses bougies à domicile de façon artisanale, dans un local de son sous-sol aménagé à cet effet et dédié entièrement à sa passion, au prix de gros travaux. Il a fallu en effet trouver un moyen de transporter les larges cuves métalliques, destinées au bain-marie, à l'intérieur de la maison, alors que leur diamètre était supérieur à l'embrasure de la porte... Pas facile non plus de déplacer les sacs de 25 kilos de cire, ni de faire comprendre aux clients que travailler avec des pigments naturels ne permet pas de reproduire une teinte avec exactitude. Mais quand on a la passion, on tient bon. "Je ne souhaite pas devenir une industrie, mais réaliser quelque chose de personnalisé" , souligne l'artiste avec résolution.
Serena Dignola-Russignan aime aussi communiquer sa passion aux enfants, lors d'ateliers ou d'anniversaires. Elle a également le projet de travailler avec des adultes.
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