Le socialiste Jean-Michel Favez et le GdG Patrick Vallat annoncent leur démission du Conseil communal.
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Actuel président du Parti socialiste vaudois, député au Grand Conseil et figure de proue de l'opposition au sein du Conseil communal, Jean-Michel Favez démissionne avec effet immédiat de son mandat local. L'annonce sera lue jeudi soir, en son absence. Avec lui disparaît de l'hémicycle une certaine conception pugnace de la politique et, dans le verbe, une ironie qui déclenche le rire autant qu'elle provoque l'indignation. Cet "empêcheur de tourner en rond", à qui certains reprochent de ne pas avoir digéré son échec lors des dernières élections communales (il s'était présenté à l'Exécutif), est surtout réputé pour son intransigeance et sa manière de défendre des dossiers au niveau communal et cantonal simultanément.
Jean-Michel Favez, vous quittez avec effet immédiat le Conseil communal de Gland, qu'est-ce qui vous a conduit un tel choix?
C'est très simple, j'ai déménagé et habite désormais sur la Riviera. J'ai bien cherché à me reloger dans la région, en vain. La situation de l'immobilier est ce qu'elle est.
Vous restez bien président du PS vaudois?
Oui, comme prévu, jusqu'au printemps prochain.
Et la députation, vous qui êtes désormais un député dit "hors-sol"?
J'ai toujours annoncé vouloir faire deux mandats et demi. J'en ai déjà fait deux et 1 année... Ce statut de "député hors-sol" ne me posant aucun problème dans la mesure où je vais continuer à défendre les valeurs qui sont chères aux socialistes et sur lesquelles j'ai été élu.
En vingt-quatre ans au Conseil de Gland, qu'est-ce qui a changé?
Nous sommes passés du statut de bourgade à celui de ville. Politiquement, il a été nécessaire pour les partis de marquer leurs positions. C'est ce que nous avons fait au PS. En travaillant sur des dossiers tels que l'accès au logement abordable ou subventionné, la sécurisation du trafic urbain, et quantité d'autres choses. De fait, on dit souvent de moi que je suis un opposant à tout, mais je crois avoir prouvé que j'étais surtout une force de proposition et d'amélioration sensible de beaucoup de projets municipaux.
Justement, votre départ ne va pas faire que des malheureux...
(Rire) Oui, c'est certain, mais je reçois beaucoup de témoignages de sympathie également... Je crois qu'il est normal de gêner quand on se bat contre l'idée trop répandue chez certains voulant que le Conseil communal ne soit qu'une simple chambre d'enregistrement des propositions municipales. J'espère aussi avoir participé à une certaine remise en question de la pensée unique. Vous demandiez ce qui a évolué en vingt-quatre ans, et bien voilà une évolution, souvent camouflée sous la notion de collégialité.
Après vous, qui va s'occuper de l'accès public aux rives du lac?
D'abord, je crois que la Municipalité doit vraiment prendre conscience de la volonté populaire et aller de l'avant. Dans le comité de soutien, il y a d'autres personnalités de premier ordre: je pense à mon camarade Michael Rohrer, aujourd'hui à l'Exécutif, mais aussi à Patrick Uebelhart (Vert). Je ne me fais pas de souci tout en continuant à défendre cette cause et bien d'autres qui me sont chères au Grand Conseil.
Et quitter Gland et la région, en tant qu'habitant, ça vous fait quoi?
Ce sont surtout certaines personnes qui vont me manquer. En ayant grandi à Nyon, vécu à Gland, il est vrai que j'ai beaucoup d'attaches ici, et j'y reviens d'ailleurs régulièrement, mais la ville de Gland en tant que telle ne va pas me manquer. Pour moi, ce départ est certes une page qui se tourne mais s'en sont surtout d'autres, sans doute tout aussi intéressantes, qui s'ouvrent, tout comme sont désormais ouvertes les rives du lac dans mon nouveau cadre de vie...
Une autre figure de la vie politique glandoise, Patrick Vallat, annoncera jeudi son départ, effectif à la fin de l'année. Le chef d'entreprise spécialisé dans le management de projets quitte également sa famille politique locale des Gens de Gland (GdG). Ainsi que la députation au Grand Conseil, où il a été élu l'an dernier avec les Verts'libéraux, dont il est l'un des membres fondateurs de la section vaudoise. Après avoir siégé à Chavannes-près-Renens (1994) et Rolle (1998), il a rejoint l'assemblée glandoise en 2006, où il fut notamment président du Conseil en 2010. Après avoir été candidat au Conseil d'Etat (2012) et au Conseil national (2007 et 2011), Patrick Vallat a donc décidé de quitter la politique. Provisoirement...
Patrick Vallat, dans votre lettre de démission, vous dites ne plus pouvoir assumer de front toutes vos activités.
C'est vrai. Actuellement, hors politique, je travaille 80 heures par semaine. Les mandats politiques en rajoutent 15. Même si j'ai la chance de ne pas avoir besoin de dormir beaucoup, les contrecoups sont importants. Qu'il s'agisse de ma vie familiale (deux adolescentes), de ma vie professionnelle (patron d'une PME de 10 personnes), de ma vie associative (de multiples engagements) ou de ma vie politique (deux mandats), j'ai l'impression d'être absent. Sans parler d'un sentiment de dispersion. J'ai besoin de me réapproprier ma vie, de réorganiser les choses.
Tirez-vous un trait définitif sur votre carrière politique?
Je reviendrai en politique, c'est certain. En quittant mon mandat de conseiller communal à Gland, j'ai aussi pris la décision de quitter le parti des GdG. Il ne faut pas se leurrer: au niveau cantonal, je suis Vert'libéral, et il y a de fortes chances que nous fondions une section à Gland pour les élections de 2016. J'y aurais naturellement un rôle important à jouer. Et puis, il est possible que nous visions l'Exécutif, un poste qui m'a personnellement toujours intéressé. Aussi, je ne ferme pas la porte à un retour au Grand Conseil. Tout comme je songe me présenter aux élections du Conseil national dans deux ans.
En somme, vous faites une pause?
Je recule pour mieux rebondir. J'ai effectivement besoin de mieux réorganiser ma vie. Dans deux ans, mon entreprise, actuellement en pleine croissance, sera stabilisée. C'est un des enjeux principaux.
Mais pourquoi alors attendre la fin de l'année?
Pour des questions de transitions. Mon successeur (lire encadré) au Grand Conseil ne pourra être disponible professionnellement qu'à la fin de l'année. Et au niveau communal, les GdG sont dans une situation où il n'y a plus de viennent-ensuite. Je reste donc pour que les choses se passent en douceur, et ainsi rassurer les électeurs qui m'ont fait confiance.